La question de la langue dans la nouvelle configuration des relations entre école et marché du travail

Le point de départ de la réflexion proposée par les auteurs consiste à poser que l’on assiste aujourd’hui à un changement au niveau de la conception de la mission de l’école, notamment dans ses relations avec la sphère professionnelle. L’école est aujourd’hui prise dans une tension entre son idéal de formation d’un individu inscrit dans une communauté particulière (avec ses valeurs, ses normes, sa langue, sa culture) et la tendance à répondre aux besoins du marché du travail et à mettre sur le marché des individus directement employables, ce qui suppose une articulation beaucoup plus stricte entre les logiques professionnelles et scolaires. Dans une économie tertiarisée et axée principalement sur les services, la question de la langue se trouve au coeur de cette tension : la langue fait partie de la culture au sens large que l’école est censée transmettre aux élèves, mais les compétences linguistiques constituent aussi des enjeux importants dans le milieu du travail, où tant le bilinguisme que la capacité à « communiquer efficacement » sont des objets très prisés. Les auteurs analyseront ces tensions à partir de recherches menées sur le terrain de la Belgique, tout en portant une attention particulière aux défis qu’elles posent pour les communautés linguistiques minoritaires.